LA VIELLE A ROUE
La vielle à roue est un instrument à cordes frottées qui fait partie de la famille des cordophones. Actionnée par une manivelle, la roue fait sonner plusieurs cordes en même temps qui ont des fonctions différentes : deux cordes (les chanterelles) jouent la mélodie ; deux à quatre cordes, appelées bourdons, accompagnent la mélodie par une note continue. Sous un de ces bourdons est placé un petit chevalet mobile, que l'on nomme chien ou cigale, et qui produit un petit grésillement lorsque le musicien donne un à-coup sur la manivelle, ceci permettant en plus un accompagnement rythmique. Aux XIIe et XIIIe siècles, l'ancêtre de la vielle à roue qui s'appelait l'organistrum accompagnait le chant liturgique. D'une longueur qui oscillait entre 0,80 cm et 1,30 m de long, il était joué par deux musiciens, le premier tournant la manivelle et le second actionnant les tirettes. Au XIIIe siècle, la vielle à roue devient plus petite et intègre l'instrumentarium des ménestrels, elle porte alors le nom de symphonia ou chifonie. L'Eglise l'abandonne au XIVe siècle et les musiciens itinérants, les aveugles et les mendiants s'en emparent. L'instrument intègre alors la musique populaire. Il va être méprisé par l'aristocratie et les musiques savantes pendant quatre siècles. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que la vielle à roue suscite de nouveau l'intérêt de l'aristocratie et des compositeurs à la faveur d'un engouement pour le pastoral et le champêtre. Les luthiers parisiens contribuent à la faire évoluer en la dotant notamment d'un clavier chromatique et en substituant à sa caisse plate la caisse bombée des luths ou des théorbes afin d'en améliorer la qualité sonore. A la Révolution, la vielle à roue s'associe définitivement aux musiques populaires en devenant l'apanage des paysans. C'est ainsi qu'elle sera adoptée dans plusieurs régions de France et deviendra, notamment, l'instrument emblématique du Berry. C'est à cette époque, également, qu'un fils de notaire, Jean Pajot, crée le premier atelier de fabrication de vielles à roue à Jenzat (Allier), posant ainsi, dans cette commune, la première pierre d'une longue tradition de lutherie, toujours vivante.
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